Les schémas précoces inadaptés

Les schémas précoces inadaptés

Un schéma précoce inadapté est le terme complet proposé par Jeffrey Young. Même si ce terme peut faire un peu peur, pas de panique :

  • Un schéma est ni plus ni moins qu’une représentation cognitive du monde, une manière de voir et organiser nos expériences et perceptions.
  • On parle de schéma précoce car il se construit dès l’enfance, parfois même avant l’acquisition complète du langage.
  • On ajoute inadapté car cette représentation interne influence durablement notre façon de percevoir nous-mêmes, les autres et le monde. Lorsqu’un schéma s’active de manière répétée, cela peut générer des difficultés relationnelles, émotionnelles et de la souffrance.

Au fil de ses recherches, Jeffrey Young a identifié 18 schémas précoces inadaptés qui constituent aujourd’hui encore une référence dans le domaine.

Les 18 SPI par domaines

Dans cet article, vous trouverez une présentation de ces 18 schémas afin de mieux les reconnaître dans votre vie, comprendre leur impact et ouvrir la voie à un travail de changement.

Pour mieux s’y retrouver, ces schémas, bien nombreux, sont regroupés en grands domaines, chacun correspondant à des besoins affectifs fondamentaux qui n’ont pas été suffisamment satisfaits.

Les 5 domaines des SPI

👉 Avant de vous plonger dans de détail de ces schémas, et si vous ne l’avez pas déjà fait, prenez quelques minutes pour jeter un oeil à cet autre article présentant les bases de la thérapie des schémas.

Domaine 1 : Séparation et rejet

Les personnes ayant des schémas de ce domaine rencontrent plus de difficultés à former et entretenir des liens sécurisants et satisfaisants avec les autres.

Domaine 1 : Séparation et rejet

Abandon / Instabilité :

Perception que les relations qui nous sont importantes manque de stabilité et de fiabilité. On craint que ceux qui compte ne s’éloignent, nous délaissent, ne meurent prochainement ou restent instables ou imprévisibles émotionnellement. Cette insécurité crée de la peur et une anxiété sociale.

Méfiance/Abus :

Croyance profonde que les autres finiront inévitablement par nous blesser, nous maltraiter, nous humilier, nous tromper ou nous exploiter. Cette anticipation constante à la possibilité d’un abus entraîne des difficultés à accorder sa confiance aux autres et pousse à rester sur ses gardes en permanence.

Carence affective :

Manque profond de chaleur, de réconfort et d’attention avec la conviction que ces besoins émotionnels ne seront jamais pleinement satisfaits. Cela laisse un sentiment persistant de vide et de manque.

Imperfection/Honte :

Conviction intime que l’on est imparfait, mauvais, inférieur ou incapable. On craint que révéler ces « défauts » à nos proches ne conduise à une perte d’affection ou à un rejet. Cette perception nourrit une hypersensibilité aux critiques et aux réprimandes et renforce un sentiment de honte et de manque de confiance en soi.

Isolement social :

Sentiment d’être isolé, différent des autres et/ou de n’appartenir à aucun groupe social (hors du cadre familial), ce qui favorise l’évitement social et renforce la solitude.

Domaine 2 : Manque d’autonomie et de performance

Les personnes concernées par les schémas de ce domaine ont souvent l’impression de ne pas avoir les ressources suffisantes pour se débrouiller seules, réussir ou affronter les difficultés de la vie.

Domaine 2 : Manque d'autonomie et de performance

Dépendance/Incompétence :

Croyance que l’on est incapable de se débrouiller au quotidien sans l’aide d’autrui. Cela favorise une passivité ou un manque d’initiative envahissant et peut pousser à chercher constamment une validation ou une assistance.

Vulnérabilité au danger :

Peur excessive de voir survenir une catastrophe à laquelle on ne pourra pas faire face. Les inquiétudes peuvent être multiples : la santé (crise cardiaque, cancer, …), les émotions (perdre la tête, ne plus se contrôler, …), les catastrophes naturelles ou des situations phobogènes (l’avion, les tremblements de terre, les ascenseurs, …).

Fusionnement / Soi non-distinct :

Attachement excessif à une ou plusieurs personnes proches (souvent les parents) au détriment de notre propre individuation. On retrouve des difficultés à construire une identité distinct en dehors de ces liens, avec la conviction qu’on ne peut pas survivre ou être heureux sans l’autre.

Échec :

Croyance profonde que l’on a échoué, qu’on continue d’échouer et qu’on échouera inévitablement. On se sent moins compétent et en capacité de réussir que les autres. On peut en arriver à éviter des défis, renoncer à des choix importants ou même à s’auto-saboter.

Domaine 3 : Manque de limites

Les personnes ayant des schémas de ce domaine n’ont pas suffisamment développé de limites internes solides et adaptées, que ce soit en matière de réciprocité dans les relations ou de capacité d’autocontrôle.

Droits personnels exagérés / Grandiosité :

Sentiment que l’on est spécial, supérieur aux autres ou méritant un traitement privilégié. On s’accorde le droit de faire ce que l’on veut sans considération pour les conséquences sur autrui. Cela peut aussi s’exprimer par l’affirmation excessive de sa force, de ses besoins ou de son point de vue.

Contrôle de soi / Autodiscipline insuffisants :

Incapacité, ou refus, d’exercer un contrôle de soi suffisant. On a des difficultés à tolérer la frustration nécessaire à l’accomplissement d’objectifs personnels, à réguler ses émotions ou à persévérer face aux contraintes. On en arrive à éviter impulsivement ce qui nous semble pénible.

Domaine 4 : Orientation vers les autres

Les personnes concernées par les schémas de ce domaine accordent une importance excessive aux besoins et aux attentes des autres au détriment de leurs propres besoins.

Assujettissement :

Tendance à se soumettre au désir ou au contrôle des autres par peur de provoquer leur colère, un conflit ou un rejet. Cette docilité excessive conduit à négliger ses propres besoins et à accumuler parfois du ressentiment.

Abnégation :

Priorité constante donnée à la satisfaction des besoins des autres (les autres passent avant soi) en reléguant les siens au second plan. Cette dynamique est souvent motivée par la peur d’être perçu comme égoïste ou par le besoin de préserver des liens affectifs, et peut mener à de l’épuisement et/ou à un sentiment de frustration ou de rancune envers ceux dont on s’occupe.

Recherche d’approbation/Reconnaissance :

Besoin excessif d’obtenir attention, estime et approbation de la part d’autrui, au détriment du développement d’une identité personnelle authentique. Cela peut mener à de l’anxiété sociale, à une sensibilité accrue au rejet et à faire des choix de vie davantage dictés par la reconnaissance sociale que par ses propres aspirations et la recherche de satisfaction.

Domaine 5 : Sur-vigilance et inhibition

Les personnes ayant des schémas de ce domaine freinent et bloquent l’expression spontanée de leurs sentiments et impulsions par un auto-contrôle excessif sur leurs réactions, émotions et choix personnels.

Négativisme/Pessimisme :

Tendance à se focaliser sur les aspects négatifs de la vie et à en minimiser les éléments positifs. On se retrouve à anticiper le pire, ce qui nourrit l’anxiété, le découragement et la perte d’espoir.

Inhibition émotionnelle :

Contrôle excessif de ses réactions spontanées (émotions, gestes et paroles) par peur d’être jugé, désapprouvé ou de perdre le contrôle, ce qui peut mener à une rigidité émotionnelle et relationnelle.

Exigences élevées/Critique excessive :

Besoin d’atteindre des standards très élevés, parfois irréalistes, dans le bût d’éviter la désapprobation, la honte ou le rejet. Ce schéma se manifeste par du perfectionnisme, des règles rigides et une préoccupation constante de la performance, du temps et de l’efficacité. La tension devient constante et la critique de soi-même permanente.

Punition :

Tendance à se montrer intolérant, dur et critique envers les autres ou nous-mêmes lorsque des erreurs ou des imperfections apparaissent. Cela mène à une difficulté à faire preuve de tolérance et de compassion, à accepter et pardonner les fautes et manquements.


Source : Young, J. E. & Co. (2024). La thérapie des schémas, Approche cognitive des troubles de la personnalité (3e éd.). Deboeck supérieur.

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