Attention : Le dispositif « Mon psy » a connu depuis l’écriture de cet article plusieurs changements. Il s’appelle maintenant « Mon soutien psy ». La base de cet article reste encore valable pour ma part mais je vous invite tout de même à vous renseigner sur l’actualité de ce service.
En Avril 2022, le dispositif « Mon psy » a pris la suite des deux dispositifs de suivi psychologique créés l’année d’avant dans le cadre de la crise liée au Covid19 : Santé Psy Étudiant et Psy Enfant Ado. Il permet maintenant à toute personne de plus de 3 ans de bénéficier de 8 séances d’accompagnement psychologique par an sous certaines conditions.
Sur le papier, c’est sûr, ça semble intéressant, mais il y a des hics.
Pourquoi être devenu partenaire des dispositifs « Santé psy étudiant » et « Psy Enfant Ado » ?
La raison principale m’ayant fait adhérer à ces deux dispositifs reste inchangée à l’heure actuelle :
Je souhaite que la psychothérapie soit accessible à toutes et à tous. Que tout le monde puisse bénéficier d’un suivi psychologique, soutien ou psychothérapie, peu importe son statut social et ses revenus. Pour cette raison, je suis favorable à une prise en charge financière des consultations psychologiques par la Sécurité Sociale.
La crise liée au Covid19 a eu de grands retentissements sur la santé mentale des grands comme des petits et il me semble également important de permettre au plus grand nombre de pouvoir évacuer le stress et la souffrance psychique accumulés au fil des mois où le virus a été particulièrement présent dans nos vies.
Quel bilan ?
J’ai été partenaire du dispositif Psy Enfant Ado en 2021 et 2022. Je reste plutôt satisfait de la qualité des suivis effectués dans ce cadre même si différentes raisons me font le quitter (et que j’explique un peu plus bas).
J’ai continué un peu plus longtemps de recevoir des étudiants dans le cadre du dispositif « Santé Psy étudiant ». Je me suis également résolu à arrêter car ce n’était pas viable à le long terme.
Ces deux partenariats auront tout de même permis à des enfants, des adolescents et des étudiants de bénéficier de quelques séances de psychothérapies. Ce qui, quand on se réfère uniquement sur l’aide apportée, reste tout de même positif.
Pourquoi est-ce que je ne serais pas non plus partenaire du nouveau dispositif « Monpsy » ?
Je ne serais pas partenaire du dispositif « Monpsy » ou « Mon soutien Psy » pour les mêmes raisons qui m’ont fait quitter les dispositifs « Psy Enfant Ado » et « Santé Psy Étudiant » :
- Les démarches administratives pour l’inscription dans le dispositif ainsi que la facturation des consultations sont peu évidentes et prennent du temps et de l’énergie. Une partie du temps de travail du psychologue est dédiée à ce qui entoure les suivis : gestion des rdv et de l’emploi du temps, facturations, comptabilité, compte-rendus, formations, gestion du cabinet, communications avec les patients, site internet, etc. On peut voir cela comme le « travail de l’ombre » auquel les démarches administratives de ce dispositif viennent s’ajouter.
- Il est demandé à ce que deux comptes-rendus soient rédigés et transmis au médecin ayant fourni l’ordonnance médicale. Au-delà de l’intérêt discutable de cette démarche, cela prend, encore une fois, du temps à être réalisé, pour qu’en fin de course, le médecin déjà souvent débordé de travail, n’ai pas forcément le temps de lire ces documents. La rédaction de ces compte-rendus s’ajoute au travail de l’ombre cité précédemment.
- La consultation avec ce dispositif est facturée 50€. Ces tarifs, revus récemment à la hausse, restent trop bas compte tenu des frais professionnels (cotisations professionnelles, location du cabinet, assurances, responsabilité civile, cotisation foncière des entreprises, prévoyance, retraite, référencement, site internet, matériel professionnel, ligne téléphonique professionnelle, etc.). Ils ne permettent pas de rentrer dans nos frais sur le long terme sans nous obliger à cumuler les séances au détriment de la qualité de notre service. Nous ne sommes pas des robots… Plus d’informations sur la tarification d’une consultation ici.
- 11 consultations après un entretien d’évaluation sont prises en charges dans ce dispositif. Les besoins en psychothérapie varient autant que les difficultés amenant à consulter. Que faire au terme de ce nombre de consultations prédéfini ? Je garde en tête certains suivis qui s’arrêtaient brutalement pour des raisons financières et parfaitement compréhensibles, malgré des besoins évidents.
- Au delà du dispositifs dans ses qualités et défauts, je met en cause et conteste l’ouverture de ma profession dans un système de remboursement des soins qui ne tient pas compte de l’avis des personnes concernés : les psychologues cliniciens eux-mêmes. « Mon soutien psy » c’est quand même un boycott de 91,7% des psychologues.
- Je regrette également l’alignement ou plutôt le nivellement vers les bas des mutuelles et complémentaires de santé qui sous couvert de participer aux frais de ce dispositifs, ne remboursent plus les suivis ne s’inscrivant pas dans ce dispositif.
Les reproches que je fonde ci-dessus correspondent à la revendication portée par les psychologues signataires du Manifeste Psy. Pour plus de renseignements je vous invite à consulter cette page : https://www.facebook.com/manifestepsy/
Mes attentes quant au dispositif « Mon soutien psy »
- Arrêter les frais avec le dispositif et investir ces fonds dans les dispositifs publics déjà fonctionnels et dans le besoin : les services hospitaliers ainsi que les CMP et CMPP en premier lieu.
Mais sinon …
- Rembourser les consultations à hauteur des tarifs fixés par les professionnels eux-mêmes.
- Ouvrir le dispositif à un dépassement d’honoraires. Une consultation psy à un tarif de 20 ou 30 euros serait sûrement envisageable pour des personnes ayant des revenus limités.
- Ouvrir la durée des consultations afin de permettre au psychologue de fonctionner selon le cadre adapté à sa propre pratique.
- Simplifier le parcours de soin en permettant une prise de rendez-vous directement avec le/la psychologue sans prescription médicale
- Retirer l’obligation de fournir des comptes-rendus au médecin ayant réalisé l’ordonnance. Cela n’enlève pas la possibilité de réaliser un parcours de soin coordonné.
- Relever le plafond du nombre de consultations aujourd’hui limité à 11 consultations.
- Laisser le professionnel décider de la prise en charge du patient. Actuellement, seules les affections légères et modérées peuvent être pris en charge par les psychologues partenaires du dispositif. Les troubles considérés comme « graves » ou présentant un risque suicidaires sont directement renvoyés vers un médecin.
Sources :
- Article paru sur service-public.fr
- Site officiel monpsy.fr
- PsyEnfantAdo : un soutien psychologique gratuit pour les 3-17 ans
- Santé Psy Étudiant : un site pour un suivi psychologique gratuit des étudiants
- Page Facebook du manifeste psy
Très bonne article ravie de le lire.